Le 14 mars dernier, BFMTV dévoilait une information exclusive provenant d’une « note de situation des services de renseignement d’un pays membre de l’OTAN ». 

Impossible, bien entendu, de révéler l’identité d’une source aussi secrète.  

Nous devions donc faire aveuglément confiance à la chaîne info qui indiquait : « l’armée de Vladimir Poutine a commencé à lancer une offensive militaire plus soutenue et plus large dans toute l’Ukraine, à laquelle les forces ukrainiennes ne résisteront pas à court ou moyen terme ».  

C’en est donc fini des Ukrainiens et, d’ailleurs, ajoutait BFMTV, l’armée russe devrait « dans les prochains jours intensifier ses opérations offensives dans le pays, au niveau militaire, mais aussi des communications ». 

La puissante armée de Poutine, que rien n’arrête, va donc tout emporter sur son passage et il faut même se préparer à ce que, « d’ici un an », ce soit le tour « d’autres nations comme la Géorgie, la Moldavie ou les pays baltes ». 

Si le téléspectateur inquiet, la gorge nouée et les mains moites, avait cherché à confirmer cette affreuse nouvelle, il serait peut-être tombé sur un article du Figaro, qui venait d’être actualisé, et qui s’intitulait « Guerre en Ukraine : l’armée russe en échec paie ses propres lacunes ». 

La journaliste, Laure Mandeville, disait bénéficier d’informations provenant de sources « au fait de ce qui se passe à l’intérieur des forces russes sur le terrain ».  

Un certain Christo Grozev lui avait transmis d’incroyables révélations. L’armée russe ? « En chaos total, sans stratégie ni tactique ». 

Les causes de cette débâcle ? Grozev l’expliquait par le fait que « l’opération avait été planifiée pour durer trois jours ».  Pas de doute, il devait avoir obtenu les plans d’invasion de Poutine. 

Tout s’éclairait soudainement. Ces stupides généraux russes s’étaient mis en tête, sous l’effet de la vodka, qu’en un peu plus d’un week-end, ils allaient envahir le deuxième pays d’Europe par la taille, doté d’une armée d’environ 200 000 hommes et aidé par les forces de l’OTAN. 

Grozev poursuivait : « L’ampleur des pertes en hommes semble dévastatrice ». Et, surtout : « la panique gagne déjà le Kremlin » et « une révolution de palais pourrait se préparer ».  

C’en est donc fini des Russes et de Poutine. La puissante armée de Zelensky, que rien n’arrête, va donc tout emporter sur son passage et sera bientôt aux portes de Moscou. 

Evidemment, vous allez me dire, le lecteur, désormais rassuré, aurait pu, malgré tout, par prudence, chercher à confirmer cette merveilleuse nouvelle. 

Bon, là, on a un petit problème parce qu’à la lecture de l’article, il semblerait que Laure Mandeville n’a jamais vraiment parlé à Grozev. Elle évoque, en fait, les échanges de celui-ci avec « la journaliste ukrainienne Alesy Batzman sur sa chaîne YouTube ».  

C’est quand même merveilleux internet pour les journalistes. Aujourd’hui, même plus besoin de quitter son bureau. Un clic et on se retrouve au cœur de l’armée russe et de ses secrets les mieux gardés. 

Laure Mandeville nous informe néanmoins que Christo Grozev n’est pas n’importe qui. C’est un « journaliste vedette bulgare » qui travaille pour « l’agence d’investigation Bellingcat ». Une référence, et une garantie d’objectivité, au vu de ses financements qui proviennent notamment de l’Open Society Foundation de George Soros mais aussi du National Endowment for Democracy (NED), financé par le Congrès américain.  

Le New York Times, en 1997, disait déjà, à propos du NED, qu’il avait été créé « pour faire au grand jour ce que la CIA a fait clandestinement pendant des décennies » et notamment « soutenir des partis politiques, des syndicats, des mouvements dissidents et des médias dans des dizaines de pays ».  

Aucune importance, la couverture médiatique de la guerre en Ukraine, ne nécessite pas de se fatiguer à vérifier la qualité de ses sources. 

Pour trier le bon grain de l’ivraie, il y a une méthode infaillible : si les Russes disent quelque chose, c’est une Fake news. Si leurs adversaires disent autre chose, c’est une information fiable à relayer au plus vite.