
Même Marine Le Pen a fini par céder à la tentation : Zemmour est « entouré de quelques nazis ».
L’équipe de Pécresse s’est alors engouffrée dans la brèche. Quelle aubaine quand on manque d’imagination et qu’on stagne dans les sondages. Le Point rapporte l’information d’après laquelle « une note détaillée a été adressée ce vendredi aux porte-parole et relais de la campagne LR (…). Son titre est lapidaire : « Les sympathies nazies d’Éric Zemmour ». »
Au-delà de l’anecdote, ces sorties illustrent le traitement particulier qui est réservé au candidat de Reconquête! depuis son entrée en politique.
Zemmour aura fait l’objet d’une campagne de calomnie et de diffamation de grande ampleur.
Dans un article intitulé « Zemmour, candidat à abattre et ennemi public numéro un des médias », Valeurs actuelles rapportait en décembre dernier cette confidence : « Je suis mitraillé de tous les côtés et plus personne n’attaque Marine Le Pen. Le système m’a choisi, ça montre bien que je suis le plus dangereux pour Macron. »
Et il est vrai que, tant Marine Le Pen que Mélenchon, bien que classés également dans la catégorie « populistes », bénéficient d’un microclimat médiatique des plus tempérés. Peut-être même trop, ce qui explique la mise en scène grandguignolesque de Mélenchon chez Hanouna le 27 janvier dernier. Attirer enfin l’attention, c’est aussi le défi d’une gauche qui n’intéresse plus grand monde.
Zemmour n’en demande pas tant. L’attention ne manque pas le concernant. Ce qui fait défaut, c’est l’équité.
Son traitement médiatique relève plus de la lapidation que de l’information. Chaque pierre lancée devant le priver d’un segment de son électorat potentiel.
Vous êtes une femme ? Éloignez-vous, c’est un misogyne. Juifs ? Fuyez, c’est un pétainiste. Catholiques ? Vous voyez bien qu’il n’a pas de cœur ! Gilet jaune ? Il est trop intello, trop libéral, passez votre chemin. CSP+ ? Vous n’allez pas voter pour un candidat populiste !
« Le système a pris peur », déclarait Zemmour au début de sa campagne. Oui, mais pourquoi ?
Parce qu’il y a eu Trump. Et depuis, les élites souffrent d’un syndrome de stress post-traumatique.
Zemmour a réactivé l’angoisse de l’élection inattendue d’un candidat « hors système ».
Un impératif alors pour les médias : le déloger du positionnement qu’il prétend incarner entre LR et le RN. Zemmour doit être extrême-droitisé et ainsi ghettoïsé. Il sera donc, au choix : réactionnaire, maurassien, fasciste, vichyste ou, désormais, nazi.
Car, comme Trump, un Zemmour transgressif, ne respectant pas les codes du politiquement correct, pourrait faire exploser les candidatures de droite et finir par séduire le peuple que l’abstentionnisme et la neutralisation du vote « populiste » tiennent éloigné du pouvoir.
Démonter les cloisons étanches qui maintiennent les droites bien séparées les unes des autres ? Permettre aux « gueules cassées de la mondialisation », comme dit Buisson, de revenir dans le jeu politique grâce à l’union des droites ? Pas question. No pasaran ! Laissez le peuple là où il est, nous savons ce qui est bon pour lui, pensent les élites. Quant à ce Zemmour, sortons la grosse artillerie.
Lorsque les analystes politiques sont interrogés sur la baisse de Zemmour dans les sondages, il est intéressant de noter qu’ils évoquent systématiquement des causes intrinsèques : il est « trop ceci » ou « pas assez cela ». Le facteur extrinsèque de la campagne négative de dénigrement dont il fait l’objet n’est jamais évoqué.
L’art de la persuasion et de la manipulation est pourtant au cœur des campagnes électorales.
En 2019, dans un livre intitulé Opération Macron, Éric Stemmelen analysait la fabrication médiatique du candidat Macron, alors inconnu du public, mais bénéficiant du soutien des grandes fortunes hexagonales qui contrôlent l’essentiel des médias.
Un très bel exemple de propagande positive. Comme l’indiquait Stemmelen, « lorsque l’enchaînement des évènements est toujours favorable à la même personne, cela n’est que très rarement l’effet du hasard »
De même, lorsque le matraquage médiatique est toujours défavorable à la même personne, cela n’est pas non plus l’effet du hasard.
2022, opération Zemmour.