Il y a d’abord les énormités comme celle proférée par une Sandrine Rousseau encore une fois au sommet de sa forme début janvier : « les antifas n’ont jamais frappé personne ». Bien sûr, par facilité, on aura tendance à dire : « Les écologistes, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît ». Mais quand même. A Villepinte, en décembre dernier, les nervis d’extrême gauche sur lesquels ont été trouvés des cocktails molotov semblaient assez peu familiers de la philosophie Peace and love.

Il y a ensuite la politique du déni à laquelle recourent politiciens et médias depuis des décennies. Par exemple, le classique « Il n’y a pas de hausse de la délinquance mais une hausse du sentiment d’insécurité ». La formule paraissait éculée et pourtant Eric Dupond-Moretti n’a pas hésité à la ressortir en septembre 2020 : « Le sentiment d’insécurité, c’est de l’ordre du fantasme ».

Quelques jours avant, Libération titrait « La surenchère sécuritaire » et expliquait que CheckNews, son « service de vérification des données » avait « passé au crible trente ans de statistiques de la délinquance en France » avec un « résultat sans appel » : le niveau de violence « reste le même ». Le problème provenait des réseaux sociaux et de leurs « fake news » qui alimentent la peur.

Les français qui constatent quotidiennement l’« ensauvagement » de leur pays étaient alors sommés de se reconnaître victimes d’hallucinations par une presse militante s’auto instituant Instance de la Vérité avec ses services de « fact checking » dictant au bon peuple ce qu’il doit considérer comme vrai ou faux.

Même rengaine avec le terrorisme islamiste.

En 2015, quelques semaines avant les attentats du Bataclan, et quelques mois après ceux de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, un journaliste de L’Obs, Thomas Guénolé, posait le diagnostic suivant : « la France est traversée par un phénomène grandissant d’islamo-psychose » attisé par l’extrême droite. De quoi s’agissait-il ? Le journaliste, psychiatre à ses heures, expliquait le problème : « une perte de contact avec le réel, au profit d’une perception fantasmée et délirante de la réalité ».

Devant cette déferlante continue de mensonges et de mauvaise foi, on se souviendra que Soljenitsyne en 1970, dans le discours qu’il avait préparé pour la réception du prix Nobel, avertissait que la violence était « intimement associée, par le plus étroit des liens naturels, au mensonge ». Qu’elle trouvait « son seul refuge dans le mensonge ». L’Archipel du Goulag allait ainsi être un témoignage rendu à la vérité. Une dénonciation implacable du mensonge communiste qui participerait à son effondrement.

Soljenitsyne avait cependant décelé la faiblesse de l’Occident face à la barbarie. Il percevait avec une acuité cruelle nos peurs et nos lâchetés.  Ce qu’il appelait l’ « esprit de Munich » ou « le déclin du courage » qui trahissent « une maladie de la volonté chez les peuples nantis ».

C’est ce qui fait, aujourd’hui encore, toute l’âpreté de son message : sans courage la vérité ne parviendra pas à s’imposer et la violence continuera à prospérer.

Frédéric LASSEZ